Formée à la médiation par l’animal (ou Zoothérapie), il m’arrive de temps en temps d’être accompagnée de mon chien durant les séances, lorsque mes patients sont en accord avec cela. J’interviens également en structure depuis peu, en petit groupe, pour réaliser des activités thérapeutiques assistées par l’animal. La présence de l’animal en thérapie peux avoir de nombreux bienfaits et avantages, bienfaits que je vais vous présenter dans cet article.
Qu'est ce que la médiation animale ?
Bienfaits - Avantages - Zoothérapie - Médiation animale
La médiation animale est une approche non médicamenteuse, qui a pour but de favoriser les interactions entre les humains et les animaux, dans une optique d’accompagnement de la personne et dans le but d’aller vers un mieux être. Ce sont des publics qui présentent des difficultés sociales, physiques ou psychiques. Sylvie Sengelen, Cofondatrice d’Agatéa.
Cette pratique met en relation trois entités : le patient, le thérapeute et l’animal. L’animal va apporter des changements et des modifications dans une structure qui n’était jusqu’alors composée que du patient et du soignant, et permettre des choses qui n’auraient pas été possibles jusqu’alors. C’est un nouveau référent. Pour ma part, l’animal n’est pas qu’un « outil de médiation », puisque cela voudrait dire qu’aucune relation n’est possible entre le patient/le bénéficiaire et l’animal. Hors c’est cette relation, ce lien qui se crée entre eux, qui fait partie du processus thérapeutique.
Pour Searles, psychiatre et psychanalyste (1918 – 2015), l’animal a une « tendance thérapeutique spontanée », et peut soigner lorsqu’un thérapeute « développe cette potentialité, l’intensifie et l’approfondit, par la prise de conscience et la verbalisation des affects ».
Lors des séances de médiation animale en structure de soin, on va mettre en place des activités qui vont venir répondre ,pour chaque patient, à des objectifs précis et réalisables. Le but est d’obtenir des progrès au fur et à mesure des séances. L’intervenant en médiation animale est garant de ses animaux et de ses choix les concernant, il en a la surveillance.
Une histoire commune
Bienfaits - Avantages - Zoothérapie - Médiation animale
Bien avant que les termes de zoothérapie et de médiation animale n’apparaissent, plusieurs personnalités s’étaient rendu compte des effets bénéfiques que pouvaient avoir les animaux sur l’être humain.
Ainsi, Freud acceptait parfois que ses patients viennent en séance avec leurs animaux. Pour Boris Cyrulnik, « l’attachement à l’animal apporte quelque chose que les humains ne peuvent pas apporter » et pour lui, ce qu’on éprouve envers les animaux dépend de la façon dont on assume ou non ce que l’on est : « Dites-moi ce que vous haïssez dans un animal, et je vous dirai ce que vous refoulez […] ». Plusieurs auteurs comme Harold Searles ont fait le lien entre comportement avec l’animal et structure et/ou souffrance psychique.
Au XIème et XVIIIème siècles, vont être mis en route progressivement des tentatives d’insérer les animaux dans les institutions de soins de l’époque : L’asile de Gheel en Belgique actuelle, confiera des « oiseaux à des fous », L’asile anglais de York Retreat accueillera de petits animaux pour que les malades s’en occupent, et lors de la première guerre mondiale, des chiens furent envoyés auprès des soldats traumatisés dans une institution psychiatrique de Washington. Plusieurs praticiens inclurent l’animal dans leurs pratiques de soin en raison de leur impact positif sur leurs patients, par exemple le psychiatre Boris Levinson (1950), le couple de psychiatres Samuel et Elizabeth Corson. L’animal leur a permis alors de rentrer en contact avec des patients qui étaient auparavant incapables de communiquer ou fermés au reste du monde, et a pu servir de soutien affectif.
En 1960 et 1970, alors que les vétérinaires prennent d’avantage en compte les troubles psychiques des animaux, on commence à s’intéresser à l’impact positif que ces animaux de compagnie ont sur leurs maitres, aussi bien au niveau physique que psychique. On va notamment se rendre compte que le fait de caresser un chien ou un chat fait baisser la tension artérielle ainsi que le rythme cardiaque du sujet, alors qu’à contrario, la présence d’un autre humain aura l’effet inverse et les augmentera. Le vétérinaire Ange Condoret, qui avait fait entrer des animaux dans des écoles maternelles et avait pu observer que les enfants les plus fermés pouvaient s’ouvrir au contact des animaux, fonda en 1977 l’Association Française d’Information et de recherche sur l’Animal (AFIRAC).
Au début des années 2000 apparait le terme de zoothérapie qui émerge au Canada, où les animaux semblent déjà avoir leur place dans les institutions de soin mais aussi dans certaines entreprises dans le but de « déstresser » les salariés et de faire « augmenter leur rentabilité ».
Bienfaits et avantages de la médiation animale
Bienfaits – Avantages – Zoothérapie – Médiation animale
Les activités de "prendre soin"
Inversion des rôles soignant soigné. Le bénéficiaire n’est plus patient ou malade le temps d’un instant, c’est lui qui prend soin de l’autre.
Ces ateliers permettent aussi parfois au bénéficiaire d’être en contact physique avec l’animal. Sandrine Willems dans l’animal à l’âme dit d’ailleurs à ce sujet « ne pourrait-on pas dire que l’Homme semble mélancolique de ne plus être animal, perdant par là le droit de se cramponner à ses semblables ? La manière la plus évidente de le « consoler » ne consisterait-elle pas alors à lui permettre de se recramponner à un animal ? ». Pour Albert Demaret, psychanalyste, les contacts tactiles se sont atrophiés par rapport aux sociétés animales, et l’animal peut nous rendre ces contacts archaïques. Le prendre soin permettrait donc de retrouver un bien-être, de diminuer l’anxiété de par un simple contact, permis avec l’animal, mais aussi de ce fait un retour à des ressentis archaïques.
Pour la personne âgée, il peut aussi s’agir du ressenti maternant qui peut lui rappeler différents souvenirs (maternité, paternité, maternage, enfance, emploi, etc.). En psychothérapie, on dit parfois que ce qui est thérapeutique, c’est de soigner le petit enfant qui est en nous. Pour Ferenczi, la régression (retour à un état archaïque de par un trouble psychologique, neurologique ou de par une mise en situation particulière) est thérapeutique.
Le bénéficiaire peut aussi se dire que l’animal a besoin de lui et se sentir responsable, plus grand, plus fort. Les activités de « prendre soin » permettent de se décentrer de leurs soucis, de leur pathologie, de leurs difficultés, et parfois même de leurs envies suicidaires. Ce bénéfice peut être particulièrement utile en cas de troubles dépressifs, anxieux ou de l’humeur. Caresser un animal permet de plus de rester branché à leurs émotions et ressentis, ce qui invite à la confidence, d’autant plus que l’animal ne juge pas et est capable de supporter les fluctuations d’humeur du bénéficiaire (dans le respect de celui-ci bien entendu).
Les activités de jeu et de collaboration
Avec les chiens, on peut aussi mettre en place des activités de jeu, de collaboration et d’interaction avec l’animal, tel qu’un parcours d’agility, une séance de canicross ou même une simple promenade. Ces activités permettent notamment de développer les liens d’attachement entre l’animal et le bénéficiaire, et donc de développer de la confiance envers cet animal. De cette relation va naitre pour le bénéficiaire du bien-être, et il va augmenter ses capacités et sa motivation à agir et à être.
Dans L’enfant et l’animal, Hubert Montagner explique que l’animal « accepte d’entrer dans un accordage affectif et d’être un partenaire d’attachement « secure » » permettant ainsi cette expérience fondamentale du partage des émotions.
L’animal est en effet une source d’amour inconditionnel, de sécurité et de chaleur, et ce lien particulier qui existe entre l’homme et l’animal peut permettre au bénéficiaire de projeter ses émotions. Ce mécanisme de défense psychologique (projection) peut nous permettre d’apprendre certaines choses concernant le patient et ses ressentis à propos d’autres situations de sa vie passée ou présente et ces échanges sont très importants dans la prise en charge.
Le parcours d’agility et le canicross permettent aussi d’aller au-delà des obstacles, de prendre en compte l’autre et d’évaluer la situation. C’est un vrai travail d’équipe qui peut être calqué sur la vie sociale. Un lien « physique » existe alors entre les deux protagonistes, d’autant plus que l’animal et le bénéficiaire sont coordonnés au niveau du mouvement et un équilibre (de force, de pression, de vitesse) se crée entre eux. Le bénéficiaire va alors percevoir son corps, le ressentir, mais va aussi devoir prendre en compte l’autre. Lorsque les séances se déroulent en extérieur, les bénéficiaires sortent de leur enfermement, et donc cela leur permet de se resocialiser au contact des animaux et des personnes rencontrées. Les promenades dans les lieux publics réduisent l’anxiété et ramènent la personne au moment présent, en la mettant dans un état de fierté de promener le chien, lui donnant confiance en elle.
Enfin, Albert Demaret remarque d’ailleurs l’impact important qu’ont les saisons et le milieu naturel, incluant les animaux , sur les changements d’humeur et sur le comportement des patients hospitalisés. Une sortie en pleine nature ne peut donc qu’être bénéfique pour les bénéficiaires/patients et les amener vers un certain mouvement, vers la vie et vers leur nature profonde.
En espérant que vous ayez pu trouver quelques réponses à vos questions !
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter ou à visiter les autres pages de mon site et de mon blog.
Si cela vous intéresse, je propose des séances de thérapie avec ou sans présence animale, dans mon cabinet au Mans =)
Formation Chargée de Projet en Médiation par l’animal – Agatéa ici
Bienfaits – avantages – zoothérapie – médiation animale
Bienfaits – avantages – zoothérapie – médiation animale